Lisa Lapierre

Résidence du 24 mai au 13 juin 2021

Lisa Lapierre est en résidence d'écriture à La cômerie du 24 mai au 13 juin 2021 pour Province – Notes.

Province – Notes est une performance, entre essai littéraire et set design, qui rassemble dans un même display un corpus d’œuvres visuelles, sonore et plastique. C’ est une simulation de mémoire, explorant la transition des formes que prennent nos souvenirs.

Province – Notes prend d’abord corps dans un travail d’écriture, proche de l’autobiographie dans sa forme initiale, il se recherche une forme plus vaste dans son développement visuel. Cette fable saisonière vient dépeindre le quotidien d’un personnage non-genré qui évolue dans le souvenir d’un territoire ouvrier et se questionne sur la légitimité des espaces et ce qu’ils instiguent à notre histoire personelle.

Province – Notes est une pièce de théatre, en 4 actes, une performance sonore, olfactive. Un souvenir en 4 dimension. A travers diffèrents médias, tel que le texte, la vidéo, le son, la sculpture, je souhaite immersser le spectateur dans les questions du personnage. Sortir la substance des mots, leur rendre corps. Prendre la poésie des mémoires et faire jaillir de celle ci une pièce pluri-disciplinaire.

En me focalisant sur des détails, qu’ils soient sociaux ou culturels, je crée un lexique, permettant au spectateur de s’imprégner d’une époque, d’un lieu, d’une distance. La forme finit de Province – Notes est fluide, elle se joue, se palpe, se sent. C’est une invitation, comme on rentrerait dans un livre d’histoire, je voudrais inviter l’autre dans ce temps suspendu.

Concrétement, Province – Notes pourrait se traduire ainsi ; une fille/garçon, un être androgyne, raconte un souvenir, assis sur une carcasse de voiture (brulée ou est-ce une projection), se questionne sur la légitimité des frontières, iel parle d’une saison passé, l’autre en face lui réponds, sans l’entendre, des blés tout autours, une aire d’autoroute. Chacun pris au piége dans un décor figé, sont dissimulés, ça et là, des objets totem en platre, céramique, bois, métal. Leur conversation avance, des ombres, des archives, sont projetés tout autour d’eux, le spectateur se tient debout au milieu de ces souvenirs qui ne sont pas les siens. Une odeur arrive, c’est un parfum, créée à partir de fragances dont l’un ou l’autre parle. Une chaleur qui évoque une fin de l’été, le béton mou. Une brise qui rappelle un boulevard en automne. Les bruits tout autour, dolby surrounding, avalent toute tentative de s’extraire de la mémoire de ces êtres non genrés. De quoi parle t’on ? De politique un peu, d’amour beaucoup, de bienveillance, de chagrin universel, de la difficulté d’être au monde, borderline.

Province – Notes est un décor où l’on vient se reposer, c’est une pièce limité dans l’espace et le temps qu’elle incarne, pourtant elle est hors des attitudes qu’on lui prête.

 

 

Lisa Lapierre explore les notions d’intimités, de fantasme et les fragiles limites de nos réalités sociaux culturelles à travers différents médias. La photographie, le cinéma, les textes et l’audio se croisent et se questionnent dans des installations performatives. Après avoir étudié pendant trois ans à l’école nationale d’art La Cambre à Bruxelles, elle a fondé son espace de projet et sa résidence FORESEEN, s’engageant dans sa propre voie de commissariat.
 
Sa démarche est une fenêtre ouverte sur la vie quotidienne, son travail va de l’intimité à la documentation, grattant la surface du temps pour rendre la texture plus attrayante. Détails des matériaux artificiels, temps suspendu, visages rouges lors des fêtes, re- gard perdu des adolescents, chaque centimètre de la vie est poli et compilé dans des installations visuelles et des publications. Ses images sont un hommage au sol en béton après la tempête, au jean déchiré au genou, au Komorebi, au vent dans les feuilles quand l’automne arrive et aux autres banalités qui font chavirer notre cœur. Rassembler l’insolite, le magnifiquement commun, entre road movie et scrap booking. Les images classent, embellissent, mentent constamment, en figeant dans le temps un instant déjà mort.
Son travail trace, de l’intimité au plaisir, de l’absence d’un amoureux au soleil se reflétant sur les peaux d’étrangers, corrélations entre ses pérégrinations. Elle enchaîne les mirages d’une autoroute américaine, le pli d’une joue, le bruissement d’un tissu, les braises d’un feu de poubelle.
 
Entre image d’Épinal et matière brute, elle dépeint notre quotidien de 6ème extinction de masse, en imprimant sur différents matériaux, leftover des habitudes, son travail est une madeleine de proust visuelle, une capsule temporelle.