Nach

Scène pour un récit nu

Nach sera en résidence au Couvent de La cômerie du 16 mai au 30 juin.

Adressant un clin d’œil à l’ancien nom du peep-show et convaincue de la nécessité́ de « faire récit », Nach imagine un film d’images d’archives, de mémoires sonores, de témoignages, de morceaux de
carnet de voyage, de danse, éclaté dans une installation.

N’est -il pas question dans le Krump de se réinventer une identité équipe, génie et scandaleuse? Ne réinventons-nous pas notre espace en territoire d'exploration?

C’est un peu de cela qu’il s’agit quand Nach s’amuse à réinventer un objet disparu. Elle se réinvente le peep-show, un lieu qu’elle fantasme (sans le connaître car il n’en existe plus) comme lieu de quête
du désir et du récit de l'intimité.
Un désir solitaire, un désir qui échappe, comme son reflet dans un miroir.
Une fenêtre qui s’ouvre sur le corps d’une femme, sur une danse, une vision.
Ce que l’on y découvre est fragile, éphémère, puissant, comme la quête de son désir et sa manière d’être au monde durant l’errance.

Les voix se mêlent: récits, témoignages, fictions, ces images vivent avec des mémoires sonores, se faisant superposer comme un collage les années, les lieux, les errances et les silences.
Glisser son oeil dans une serrure, à travers une lentille et glisser dans un autre espace temps, dans un récit.

Nulle part, ici. Une mémoire puis un corps réel qui se glisse pour être témoin et lui aussi, éphémère.
Attachée à raconter son histoire, au travers de ses spectacles, de ses deux conférences dansées et à présent avec ce nouveau format, l’artiste continue de prendre la parole. Et se met à nu sans être toute
nue.


Note d’intention

Il a été question pour moi avec ce projet d’installation vidéo de faire récit différemment que sur scène, (en live) mais avec les mêmes couleurs, les mêmes concepts. Avec la même envie de raconter une
histoire et un processus à mon public, lui faire vivre une expérience réflexive et participative. Mouvement, focus, changement des adresses, glissement des perceptions, accès aux sons et musiques comme des strates temporelles et donc intemporelles, improvisation et brouillage de la narration. Ici les médiums sont différents : la vidéo, les collages, la circulation des ondes mélodiques et rythmiques dans l’espace et la libre circulation du public.


 

Nach
 

Venue à la danse par le Krump qu’elle découvre en 2008, Nach développe simultanément son rapport à la scène et à la création. Interprète pour différents artistes, elle multiplie les rencontres avec des personnalités de tous horizons comme le chorégraphe Heddy Maalem et le metteur en scène Marcel Bozonnet. Côté musique, on la retrouve auprès de Koki Nakano et Ruth Rosenthal (collectif Winter Family). Côté cinéma, elle mène une aventure singulière avec les étudiants de l’une des écoles du collectif Kourtrajmé. Un travail de transmission portant sur le corps, la posture et l’incarnation, éléments fondateurs dans son propre parcours. 
Un basculement s’opère en 2017 avec la création de son premier solo, Cellule, bientôt suivi, en 2019, de Beloved Shadows, pièce réalisée après un voyage au Japon. L’artiste y découvre entre autres certains arts de la scène comme le théâtre Nô et le Bunraku ainsi que la danse Butô. 
Plus que jamais convaincue de la nécessité de « faire récit », Nach s’engage davantage dans sa propre voie, celle d’un corps organique, dont la danse puissante et délicate croise d’autres perceptions et gestes artistiques comme les arts visuels, les espaces d’errance, de glissement, la lumière ou encore les mots. Une approche de la création dont témoigne sa conférence dansée Nulle part est un endroit (2021). Résistant aux catégories, son travail interroge aussi bien le féminin que les processus engagés par chacun pour se réapproprier une identité multiple. Questions qu’elle aborde différemment dans sa nouvelle création, Elles disent, première pièce de groupe créée en novembre 2022, ainsi que dans un projet de video installation, Scène pour récit nu, qui sera présenté en septembre 2023 à la Biennale de la Danse de Lyon.