Ordesa
"Il y a quelques mois, lors d’une série de représentations du Marteau et la Faucille, un spectateur fidèle, grand lecteur, est venu me voir. Il m’a dit : « Il y a un livre qui sort en cette rentrée littéraire, cela s’appelle Ordesa. C’est l’histoire d’un homme qui n’arrive pas à supporter la mort de ses parents. Cela devrait vous plaire. » Je l’ai lu, immédiatement. Ce livre a été un choc pour moi, une déflagration. C’est effectivement cette histoire-là qui y est racontée, à la première personne, très brutalement, à la lisière de la poésie contemporaine et de l’autobiographie, et c’est un livre bouleversant, fatigant, pénible tant il ressasse la douleur. C’est aussi une magnifique déclaration d’amour aux morts, à ceux qui ne sont plus là et qui nous hantent à chaque seconde. Quand Hubert Colas m’a vu lire ce livre, encore et encore, il m’a demandé si nous n’en ferions pas une lecture pour le festival actoral. Ce sera chose faite en septembre, en attendant peut-être un travail plus approfondi."
Julien Gosselin
“Si j’ai pris conscience d’une réalité dans la vie, c’est que nous tous, hommes et femmes, formons une seule existence, qui aura un jour une représentation politique, et ce jour-là nous avancerons d’un pas. Je ne serai pas là pour le voir. Il y a tant de choses que je ne verrai pas et que je vois en ce moment même. J’ai toujours vu des choses. Les morts m’ont toujours parlé. J’ai vu tellement de choses que le futur a fini par s’adresser à moi comme si nous étions des voisins, pour ne pas dire des amis. Je parle d’autres êtres, des fantômes, des morts, de mes parents morts, de l’amour que j’ai eu pour eux, du fait que cet amour ne part pas. Personne ne sait ce qu’est l’amour.”
Manuel Vilas, Ordesa
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Julien Gosselin
Julien Gosselin a suivi les cours de l’Epsad, Ecole supérieure d’art dramatique à Lille, dirigée par Stuart Seide. Avec six acteurs issus de sa promotion, Guillaume Bachelé, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Alexandre Lecroc, Victoria Quesnel et Tiphaine Raffier, il forme Si vous pouviez lécher mon coeur (SVPLMC) en 2009, et met en scène Gênes 01 de Fausto Paravidino en 2010, au Théâtre du Nord. L’année suivante, il signe la création française de Tristesse animal noir d’Anja Hilling, au Théâtre de Vanves, puis en tournée en 2012. En juillet 2013, il crée Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq au Festival d’Avignon. En mars 2014, il crée, au Théâtre National de Bruxelles, Je ne vous ai jamais aimés, forme courte autour d’un texte de Pascal Bouaziz du groupe Mendelson. A l’automne 2015, il met en scène Le Père de Stéphanie Chaillou au Théâtre National de Toulouse. La même saison, il crée au Festival d’Avignon, 2666, adapté du roman-fleuve de Roberto Bolaño, avant une tournée française et mondiale. En 2017, il a crée au Festival de Marseille, 1993, à partir d’un texte d’Aurélien Bellanger, avec les élèves de la promotion 43 du Théâtre national de Strasbourg. Pour l’édition 2018 du Festival d’Avignon, il adapte et met en scène trois romans de l’auteur américain Don De Lillo, Joueurs, Mao II, Les Noms. À l’invitation de l’internationaal Theater d’Amsterdam, il poursuit son travail autour de Don De Lillo en adaptant L’Homme qui tombe (Vallende Man) en mars 2019 avec les comédiens de l’ITA Ensemble. Dans le cadre du Printemps des Comédiens à Montpellier, il crée Le Marteau et la Faucille, toujours de Don De Lillo en mai 2019. En 2022, Julien Gosselin et Si vous pouviez lécher mon coeur s’installeront à Calais, sur le port. Une fabrique de théâtre qui marquera le début d’une nouvelle étape pour la compagnie.
Manuel Vilas
Écrivain poète né en 1962 à Barbastro en Espagne, Manuel Vilas est une figure d’avant-garde de la littérature espagnole. Il réside dans l’Iowa où il enseigne l’écriture créative. Ordesa l’a imposé comme un écrivain majeur de la littérature espagnole à l’instar de Javier Cercas ou Antonio Muñoz Molina.
Mise en voix : Julien Gosselin
Interprétation : Thierry Raynaud
Musique : Maxence Vandevelde
Production : Si vous pouviez lécher mon coeur