Gabriela Carneiro de Cunha

Au Brésil, le barrage de Belo Monte a ravagé plusieurs localités habitées par des indigènes de la rivière du Rio Xingu, endommageant l’éco-système local et déplaçant des milliers de personnes. Pour l’artiste multi-disciplinaire Gabriela Carneiro, en scindant ce cours d’eau les grues et les turbines des entreprises d’électricité ont déchaîné des esprits ancestraux, et ce sont eux qui hantent son installation performative Altamira 2042, du nom d’une des villes touchées par l’aménagement. Le public s’y niche dans un « serpent audiovisuel », véritablement diorama de leds, capteurs, écrans vidéos, percussions et appareils d’électro-ménagers – tout le nécessaire pour un rituel de revanche techno-chamanique. Ici, la nature répond à la culture par une chorale d’individus, d’animaux, d’éléments naturels, que charrie à sa tête la performeuse par le biais d’une double-enceinte. Cette opulente expérience constitue le volet scénique d’un travail plus global qui comprend ateliers, publications, investigations et expositions, et documente la cruauté d’une industrialisation aveugle, tout en dessinant des pistes pour la renverser.