Samir Ramdani  Daw bandeau

Daw

Samir Ramdani

La scène d’ouverture est digne d’un bon blockbuster de science-fiction, genre que Samir Ramdani affectionne particulièrement. La Cellule (FID2020) en était une formidable illustration. Le réalisateur use des mêmes ingrédients : énergie des adolescents qu’on appelle « des quartiers », moyens et espaces qui revendiquent leur modestie, bande son électrique qui habille les séquences d’un voile hollywoodien haute couture, plans impeccables. Le schéma narratif est d’une simplicité enfantine : des adolescents ont disparu, Samir Ramdani, en flic indolent, et sa supérieure, Samira, jouée par Leyla Jawad, doivent les retrouver. Sans détour, le scénario est l’occasion de déplier l’art de la mise en scène du réalisateur pour investir les potentialités de la fiction politique, avec une maîtrise du comique de situation à toute épreuve. Daw distille encore une fois un humour corrosif. Le décalage permet d’aborder tabous et stéréotypes de la société française à l’égard des Français d’origine algérienne. Quand Samira discute au téléphone avec le préfet de l’avancée de l’enquête, elle passe subrepticement à la langue arabe. Et le film navigue ainsi avec une joie acide de l’arabe au français, du français à l’arabe. Précisons que Samira est lesbienne, son ex-copine prof de boxe. Que Daw est ouvertement féministe et décolonial. Il est aussi plus sombre et plus frontal que les films précédents du cinéaste. Le plaisir du fait main est ici au service des enfants d’immigrés qui ne connaissent pas l’origine du mot ratonnade ni le massacre du 17 octobre 1961. Daw assume ainsi l’urgence de l’appropriation des héritages et l’idée que « Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre ».

Claire Lasolle, FIDMarseille

Projection - Film - Rencontre

jeu 12 oct 2023 — 21:00


Durée 28 min l Court-métrage l France
Places disponibles, réservation au 04 91 94 53 49

Séance en partenariat avec le FIDMarseille
En présence du réalisateur

5€ la soirée de projection